A la poubelle (2)
Tous les archéologues vous le diront, un des terrains de fouille les plus prolifiques ce sont les "décharges publiques". Souvent des ravins à quelques distances des villages, où l'on se débarrassait de ce qui était devenu inutilisable, brûlant ce qui pouvait l'être en une sorte de "feu permanent"*, laissant le reste s'accumuler en couches successives que les modernes fouilleurs dégagent au pinceau et décrivent dans de savants mémoires.
De nos jours – du moins en France – ce type de décharge à ciel ouvert est devenu interdit... tout doit être trié ou incinéré. Cependant l'étape précédente existe toujours : la poubelle.
Elle est un "témoin" de notre société.
N'y avais-je pas trouvé naguère deux livres absolument neufs... que j'y avais laissé...
Cette fois, c'est une icône, ou plutôt une de ces reproductions plastifiées, format carte bancaire que je trouvais en vidant la poubelle.
Une petite carte-icône représentant le Sauveur, portant au dos le texte du Notre Père, ainsi qu'une dédicace peu lisible, au feutre.
Elle avait été offerte... et jetée.
Pour le coup, je l'ai récupéré, nettoyé, et elle est maintenant dans mon poste de travail.
Cette carte-icône, je l'ai tiré de la poubelle, mais le regard peint qui me fixe me renvoie vers Celui qui y est représenté, Lui qui me tire vers le haut...
Note
* Le "dépotoir" le plus connu du grand public – qui souvent n'en connaît que le nom – est la "Géhenne".