En vêtement d'ébène.
A peu de distance de mon poste de travail, il y a un champs que mes activités m'amènent à côtoyer de temps à autre.
Dernièrement, j'y vois se promener un grand corbeau.
Discrètement, je ne peux m'empêcher de le saluer : "Salut à toi, ami du prophète !" Discrètement, parce que d'une part, je ne tiens pas à l'effrayer ; et que d'autre part je passerais pour définitivement cintré si quelqu'un m'entendait m'adresser ainsi à l'oiseau noir.
Oui, j'ai beau savoir qu'il traîne derrière lui une sale réputation, c'est bien ce qu'il m'évoque : la manière dont quelques-uns de ses lointains ancêtres furent députés* auprès du prophète Elie pour lui apporter casse-croûte et réconfort.
Oh, certes, il y a l'épisode de l'Arche, lorsqu'un corbeau est revenu penaud de n'avoir pu trouver de terre ferme tandis que la brave colombe a rapporté une feuille d'olivier.
Bien sûr, il y a ce cri "Crās, Crās !"par lequel, nous dit-on, il annonce quelque malheur pour le lendemain, ou prétend nous détourner de nous appliquer aujourd'hui aux choses essentielles… Mais depuis quand les corbeaux parlent-ils latin ?**
Effectivement, il a cette réputation de charognard. Comme si le charognard n'était pas le nettoyeur par excellence, celui qui limite les risque de propagation d'épidémie.
On pourrait ainsi multiplier les "raisons" de ne pas l'aimer ; mais pour moi, le corbeau est un rappel de la délicatesse de Dieu envers un de ses serviteurs "fatigués"… un rappel de sa délicatesse envers chacun de nous.
Notes :
* Comme quoi, il y a eu au moins quelques députés à faire correctement leur travail.
** Oui, parce que "Crās" veut dire "Demain" en latin…