Vague à l'âme
Après deux semaines d'inaction forcée, d'immobilisation quasi-totale, je m'apprête à reprendre le travail ; non sans une certaine anxiété : est-ce que je vais tenir le choc ?
A cela, un certain défaitisme s'ajoute : combien ne rêveraient pas d'avoir du temps disponible pour prier, se placer paisiblement devant Dieu, en un interminable cœur à cœur silencieux ou à peine murmuré…
Hélas, je n'ai rien de l'hésychaste laïc, et si je lis Cabasilas, je ne l'imite guère.
Pire, ce n'est qu'au bout d'une semaine qu'émergeant un peu des douleurs et des brumes médicamenteuses que je pus me résoudre à reprendre un dossier abandonné depuis des mois et sur lequel – de nouveau – je n'ai guère progressé.
Alors, au fond de moi perce cette question : "quo vadis ?", "où vas-tu ?" (oui, il m'arrive de me questionner en latin).
En effet, qu'ai-je fait dans ma vie qui mériterait qu'on s'en souvienne ? Qu'est devenu mon rêve d'annoncer l'Evangile, moi qui ne suis même pas fichu d'évangéliser ma propre vie ?
Bref, je me rends compte avec une terrible intensité que je ne suis ce que j'aimerais être, et qu'il n'y a guère de probabilité que ça change.
"ô dérision d'un monologue amer…"
comme disait Bonhoeffer.
Et pourtant, ce que je suis – si médiocre que ce soit – c'est moi, et il faut faire avec.
Alors, où vais-je ? Je n'en sais fichtre rien.
Et d'ailleurs, est-ce important ? Tant que c'est avec le Christ.
Et, de nouveau, Bonhoeffer :
"Qu'importe, ô Dieu, puisque tu sais que je suis à toi."
Notes supplémentaires :
* L'article wikipedia sur Cabasilas, et quelques documents (en diverses langues) que j'ai signalé au printemps.
* La bestiole en photo est un "Tetrix depressus" (anciennement "Tetrix depressa") connu aussi sous le nom de "criquet déprimé". Allez savoir pourquoi j'ai choisi cette bestiole aujourd'hui...