Echos du Congrès : 4

Publié le par Albocicade





Conférence


La conférence - à mon sens - la plus marquante a été celle de Michel Stavrou intitulée "Le mystère de la Création".

Avec méthode, sans effet de manche ni superlatif inutile, il a présenté un regard spécifiquement chrétien sur la situation écologique actuelle. Une réflexion particulièrement dense, et par là même difficile à résumer.

Mais puisque son texte ne sera disponible (dans une prochaine livraison de la revue Contacts) que dans quelques mois, j'ai tenté - au risque de me voir reprocher d'avoir surévalué tel point au détriment de tel autre - d'en extraire quelques lignes de force.

En effet, le monde - notre monde - connaît une crise écologique sans précédent historique qui nous invite à une prise de conscience et à un engagement.

Mais prendre conscience de quoi ? Et s'engager dans quoi ?

La principale question que M. Stavrou soulève est celle de savoir s'il y a un mode de compréhension du monde spécifiquement chrétien, et s'il serait en cause dans la crise actuelle.

Pour tenter d'y répondre, il évoque le rapport de Dieu à sa création.

Rappelant que le récit biblique montre Dieu créant le monde de sa propre initiative à partir de rien, "afin, comme l'écrit St Isaac le Syrien, de révéler au monde son amour sans limite" ; il souligne que - selon le symbole de Nicée-Constantinople - chaque Personne de la Trinité est impliquée dans cette création (le Père étant "créateur du ciel et de la terre", le Fils "par qui tout a été fait", et le Saint Esprit "donateur de vie").

Une création distincte de Dieu, donc, mais de laquelle il n'est toutefois pas absent : une Présence (et non une identification) qui appelle à la communion.

Une création au cœur de laquelle l'homme - créé à l'image de Dieu - a pour vocation de cultiver et de sanctifier le monde... et non de l'exploiter et le dévaster.

Un monde qui reste soumis, en soupirant, à l'homme rebelle en attendant l'accomplissement du projet de Dieu (Rom 8 20-22).

Aussi est-ce en devenant "matière", en se faisant homme par l'incarnation, la mort et la résurrection du Christ que Dieu poursuit son dessein de vivifier toutes choses, de sorte que la nature et les êtres soient comme un livre de Dieu ouvert devant nos yeux, et la Création un lieu où Dieu lui-même nous invite à le trouver, à le célébrer par l'Eglise, à participer à la Liturgie céleste.


Bref, une vision chrétienne en contradiction avec l'approche analytique, utilitariste qui mène nos sociétés et dans laquelle non seulement Dieu (suite à une compréhension excessivement exclusive de la création "ex nihilo"), mais aussi l'homme est perçu comme extérieur au monde, ce dernier étant réduit à n'être qu'un moyen de satisfaction des "besoins" de l'homme.


Il s'agit donc, sans idolâtrer la nature, de prendre conscience que la création (dont nous faisons partie) n'est pas une possession à dépouiller, mais le lieu de notre vie avec Dieu, et par là même retrouver un juste rapport à l'environnement naturel.


Aussi y a-t-il lieu d'appréhender concrètement notre mode de vie  de façon nouvelle et, sans tomber dans un rejet puéril du progrès technique, apprendre à renoncer à une partie de nos désirs (voire même de nos "besoins") pour assurer la pérennité de la nature. Une éthique de vie susceptible d'influencer durablement les décisions politiques ou économiques, une éthique qui va cependant bien au-delà des exigences du "développement durable" : le fondement en est spirituel, théologique, la prise en compte économique étant une conséquence.


Mon principal regret, important d'ailleurs, c'est que cette conférence se soit tenue dans un sombre amphithéâtre, une espèce de bunker : bien pratique, certes, mais tellement moche. En plein air, avec un brin de soleil et quelque chant d'oiseau, la pertinence de la pensée aurait en plus eu la saveur de l'expérience...

 

Au fait, un résumé, c'est peut-être bien... mais ça reste un résumé : il ne reste plus qu'à attendre la publication du texte  de M. Stavrou


Publié dans Ecologie - théologie

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