Noël 2023
"Ce qu'il nous faudrait, c'est une bonne guerre !
Voila ce que m'a dit l'autre jour le jeune avec qui je travaille de temps à autre.
Oh, il ne réclame pas un conflit entre nations, ne languit pas après la situation qui oppose Russes et Ukrainiens ou Israëliens et Palestiniens. Non, ce qu'il voudrait, c'est une "bonne guerre civile", histoire de "tout remettre à plat", histoire que les politiques comprennent qu'on "en a marre", histoire de pouvoir tout "recommencer sur de nouvelles bases".
Je l'écoute, il est jeune, avec des idées à l'emporte-pièce. Je ne lui dit pas que "bonne guerre", c'est un oxymore : il ne connaît pas ce mot. Je ne lui parle pas non plus du concept antique de "guerre juste" et "guerre injuste", ce serait l'embrouiller inutilement.
Non, je lui dit seulement qu'une guerre n'est jamais bonne. Qu'elle fait des dégâts considérables, irréversibles. Que si l'on veut améliorer la société, c'est en s'appuyant sur qu'il y a de bon en elle, mais que la chose est souvent difficile, complexe, subtile.
Il m'écoute, apprécie que j'accepte de discuter avec lui, d'argumenter sur la base de ses idée, mais n'est pas convaincu : il est certain que nous sommes en dictature.
Je lui parle des dictatures, de gauche comme de droite, qui ont fleuri au cours du XX° siècle, je lui parle des révolutions que j'ai étudiées, de celles que j'ai vues, aussi : des espoirs immenses qui les ont fait naître, et des dictatures qu'elles ont le plus souvent engendrées. Car une révolution, ce n'est pas seulement être prêt à "mourir pour des idées"1, c'est aussi être prêt à "tuer pour des idées". Voila pourquoi c'est prendre un pari risqué que de tabler sur une révolution.
Mon argumentaire n'emporte pas son adhésion, bien sûr, mais peu importe : je lui ai donné des éléments de réflexion, pour plus tard.
De mon côté, je repense aux parole de l'ange, annonçant aux bergers la naissance du Sauveur :
Δόξα ἐν ὑψίστοις Θεῷ καὶ ἐπὶ γῆς εἰρήνη ἐν ἀνθρώποις εὐδοκίας.
Gloire à Dieu dans les lieux très hauts, et paix sur la terre, parmi les hommes bienveillance .2!
Même si la traduction de cette hymne angélique ne va pas sans difficultés, ce dont rend compte la variété des traductions, il n'y est question que de paix, pas de guerre...
Bon et saint Noël à tous !
Les petites notes.
1On aura reconnu dans l'expression "mourir pour des idées" le titre d'une chanson de Brassens, qui dit beaucoup en peu de mot. Ne prenons pas, par ailleurs, son "St Jean Bouche d'or" comme désignant nommément notre bon Chrysostome (qui ne s'attarda pas ici bas!), mais comme un synonyme de prédicateur zélé et enflammé...
2Luc 2.14