Numérique versus papier.
Il y a quelques temps, un ami respecté m'a d'autorité fourré entre les mains "Le monde d'hier" de Stefan Zweig, en me disant sans ambages "Tu dois le lire : c'est vraiment un de mes ouvrages de référence."
Zweig... Bien sur je connaissais... "Le joueur d'échec". Enfin, le titre. Parce que sinon...
Mais voilà, c'est un ami, et il m'a semblé de bon aloi de lui faire confiance.
Bon, "Le monde d'hier" c'est un pavé et il n'était pas question que je me l'avale d'un coup. Manque de temps, d'abord, et puis aussi, disons-le, difficulté à lire sur papier : pas moyen de régler la taille des caractères sur un livre, et mes yeux...
Cependant, petit bout par petit bout, j'en suis venu à bout, emmené au fil de ses "Souvenirs d'un européen" dans l'Europe qui va de la fin du XIX° siècle à la guerre déclenchée par Hitler
Même si je ne partage pas avec lui son admiration pour Freud, j'ai trouvé en Zweig un homme fondamentalement universel, du moins autant qu'il le pouvait, s'éloignant autant qu'il le pouvait de cette incompréhensible volonté de domination qui s'est si souvent et si violemment exprimée au XX° siècle : un fort agréable cicérone pour relire ce temps ancien qui a engendré le temps d'aujourd'hui.
Pourtant, une chose m'a chagriné au fil de ma lecture.
Un truc ne fonctionnait pas.
Lorsque, de temps à autre je tombais sur un mot dont le sens m'echappait, ou sur quelque citation en un langue barbare et néanmoins non traduite, mon premier réflexe était de porter mon index en haut à droite de la page pour rabattre la fenêtre et accéder au CNRTL, à Wikipedia ou à quelque traducteur en ligne.
Las ! Pas une seule fois, ça n'a fonctionné, et je me voyais, désabusé, poursuivre ma lecture sans avoir pu élucider le point obscur.
Parce qu'on dira ce qu'on voudra, c'est quand même incroyablement pratique de lire sur un ordinateur ! Pouvoir faire un rapide "copier-coller" pour saisir au vol une citation ; avoir des centaines – voire des milliers – d'ouvrages de référence et pouvoir les emmener avec soi sans surcharge.
Alors, oui, j'ai lu avec véritable intérêt et plaisir "Le monde d'hier" de Zweig, mais pour le reste, je crois que je me suis trop déshabitué du papier…
Après tout, ce n'est pas la première évolution dans la manière de transmettre l'écrit… que l'on se souvienne de la réforme d'Archinos, ou de la mise en œuvre de l'imprimerie par Gutenberg...