Le voyou

Publié le par Albocicade

J'ai entendu cette histoire je ne sais combien de fois. Oh, jamais vraiment la même, mais il y avait des points communs, du vécu similaire, de l'expérience à la fois personnelle et commune.

Un gamin qui part à la dérive, qui tourne mal. Qui se lance dans le vol, la violence.

Et qui, fatalement se fait arrêter par la police. Jugé, condamné. Passage plus ou moins long par la "case prison", puis levée d'écrou, retour à la liberté. De nouveau, délinquance, bêtises, éventuellement drogue, toujours alcool. Et de nouveau "Flic, Juge, Taule".

Une fois, deux fois, trois fois...

Et un jour, par un contact, une discussion avec un codétenu ou un visiteur, il prend conscience que le monde ne se limite pas seulement au fric, à la violence, au pouvoir.

Il y a Dieu, sa grandeur, sa splendeur.

Il y a le Livre.

Livre qu'il va lire avec avidité. Se repaître des paroles mémorables, des exemples anciens, des récits de combats aussi.

Parce qu'il y en a, de ces passages où la violence atteint des paroxysmes.

Mais il n'y a pas que le Livre.

Il y a la Personne. Cet homme qui est un Bel Exemple. Et le voyou comprend que ce que cet Homme donne, il faut l'accepter, et que ce qu'il interdit il faut s'en abstenir, il décide Le suivre pour que Dieu lui pardonne ses péchés.

Alors, s'attachant à cet Homme et à son message, le voyou fonce, se radicalise.

Il n'a plus que Dieu à la bouche, prie beaucoup, agace ses codétenus avec sa foi toute neuve. Parce que, même s'il a grandi dans une famille plus ou moins religieuse – mais parfois, pas du tout – pour lui, c'est une nouveauté, et il vire quelque peu fanatique.

Et lorsqu'enfin il sort de prison, il sait qu'il a le monde à conquérir, que les humains qui vivent dans la terne grisaille de l'ignorance doivent savoir.

Alors, rempli d'une conviction inébranlable, avec parfois la brusquerie du néophyte, il va...

 

Là, je ne sais pas ce que vous pensez. Et pour tout dire, la chose est complexe. Parce que je raconte là, je l'entendais lorsque je fréquentais les milieux les plus radicaux ... du protestantisme, en particulier l'Eglise pentecôtiste.

Et les mauvais garçons repentis que j'ai pu entendre étaient devenus de fougueux évangélistes. Au vocabulaire parfois sommaire, à la culture sans doute minimaliste, aux raisonnements trop souvent simplistes, mais à la foi ardente, contagieuse.

Et eux qui pour certains avaient été des vrais violents se montraient capables de se laisser rouer de coups sans répondre, puisque le Sauveur l'a enjoint. De la violence, ils avaient fait le deuil : ils se savaient aimés par Dieu, pardonnés et sauvés. Les récits de guerre, de bataille de l'Ancien Testament ne leur inspiraient rien d'autre que la nécessité de lutter contre le mal, de mener une guerre sainte contre le diable qui asservit l'homme par la colère et les autres passions.

 

Aussi une question me taraude, alors que ces dernières années sont jalonnées de massacres causés par des voyou s'étant "radicalisés en prison" et tout à la joie de leur foi toute neuve sont devenus plus violent encore qu'avant, passant de voyous à terroriste islamique, le dernier cas en date ayant eu lieu, cette fois-ci à Strasbourg : qu'y a-t-il donc dans l'islam qui exacerbe ainsi les passions mauvaises, au lieu de les adoucir ?

Je ne voudrais pas que mes propos soient mal interprétés, et je souligne que si l'assassin de Strasbourg a pu être retrouvé, c'est parce le chauffeur de taxi qui l'a pris en charge est allé sans surseoir prévenir la maréchaussée. Or, ce chauffeur est aussi un musulman. 

 

Mais, par le Sacrebleu[1], autant que je le sache, lorsque le voyou vire chrétien fanatique il ne va jamais ensuite assassiner le passant qui passe et ne lui a rien fait. Mais si le voyou se prend de passion pour le Coran et son prophète[2], alors, trop souvent... nous connaissons la suite. 

 

[1] Rappelons que les "jurons" se terminant par "bleu" sont un euphémisme pour parler de Dieu. Sacrebleu étant donc une allusion au "Sacre de Dieu", c'est à dire à sa Royauté.

[2] Les familiers du Coran auront peut-être reconnu plus haut les allusions  à trois versets coraniques "révélés" tardivement à Médine recommandent aux croyants l'imitation de Mahomet « Si vous aimez vraiment Allah, suivez-moi, Allah vous aimera et vous pardonnera vos péchés » (sourate 3, v. 31), « Vous avez, dans le Prophète de Dieu, un bel exemple » (sourate 33, v. 21), et à propos du butin « Prenez ce que le Messager vous donne ; et ce qu'il vous interdit, abstenez-vous en » (sourate 59, v 7).

Publié dans Vie quotidienne

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