Lavage
J'avais pris rendez-vous avec Plutarque et Aristote dans la vieille Eglise de St George Negadôn, au fin fond de l'Epire (en Grèce, donc). Déambulant – virtuellement, cela va de soi – dans cette église fresquée quasiment à outrance, je passe sous cette inscription :
ΝΙΨΟΝΑΝΟΜΗΜΑΤΑΜΗΜΟΝΑΝΟΨΙΝ
Bigre. Un palindrome.
Et le point d'exclamation qui le clôt ajoute encore à l'injonction.
De fait, la formule est connue, et s'adresse au lecteur :
Νιψον ανομηματα,
μη μοναν οψιν
On la trouve gravée sur la margelle de fontaines, à l'entré de certaines églises et monastères, à l'attention des pèlerins et fidèles qui se rafraîchissent avant d'enter pour la Liturgie :
Lave tes péchés
et pas seulement ton visage.
On la trouve aussi, en Occident, sur le bord ou le côté de certains bénitiers, ou de baptistères.
Ce qui est fascinant, c'est la forme de palindrome : on peut prendre la phrase par le bout que l'on veut, elle dit, elle répète la même chose : pas moyen d'y échapper !
Lave tes péchés
et pas seulement ton visage.
Et mes deux comparses antiques ?
Ils se font face, tout là haut, de chaque côté d'une fenêtre, tenant chacun en main un texte qui annonce, pour l'un que le Logos qui s'incarne est de la nature inépuisable de Dieu, et pour l'autre que le Dieu Très Haut est "trois et en même temps un".[1]
[1] Peu à peu, à un train de sénateur, je reprends mes petites recherches sur les "Païens au monastère". J'avance lentement, mais peut-être parviendrai-je à vous fournir bientôt une jolie petite bricole à ce sujet.