Héroïsme, et plus si affinité

Publié le par Albocicade

J'étais dans ma voiture, du côté de Montpellier, ce vendredi 23 Mars, lorsque j'entends à la radio qu'une prise d'otage par un terroriste à lieu à ce moment même, du côté de Carcassonne.

Au fil des minutes, j'en apprend plus.

Ainsi, un jeune décérébré s'en est pris à des gendarmes, puis à des civils, se retranchant dans un supermarché au cri de "Allah ouAkbar !", expression qui ne sera bientôt plus comprise autrement que "vous allez tous mourir !"

Je passe sur les sentiments contradictoires qui m'envahissent, mélange de stupéfaction, de lassitude, de colère.

Souvenirs trop récents des autres attaques du même genre, que ce soit en France, en Egypte, un peu partout.

La radio continue de diffuser, je continue d'écouter.

Il est question d'assaut donné dans le vacarme des rotors d'hélicoptères, puis d'un gendarme et de son téléphone...

Puis on nous apprend que ce gendarme[1] avait pris la place d'un otage, mettant clairement sa vie en danger pour permettre à l'otage de partir sain et sauf.

Sur le coup, j'ai pensé à la phrase du Christ "il n'y a pas de plus grand amour que de donner sa vie pour ses amis" et aussi à celle de St Paul "peut-être accepterait-on de donner sa vie pour un homme de bien"[2].

Et puis, je me suis demandé si je ne faisais pas une sorte de "récupération" abusive, si je ne surinterprétais pas cet acte héroïque en soi.

Après tout, l'humain n'a pas attendu le christianisme pour faire des actes de bravoure, d'héroïsme. Comment s'appelait donc ce soldat antique qui s'avança au devant des ennemis, embrassa le plus possible de javelots et se jeta sur eux à en mourir, pour faire une brèche dans les rangs serrés des soldats adverses ?

Et peinerait-on vraiment à trouver, parmi les Résistants communistes de la Seconde guerre mondiale, des hommes (ou des femmes, d'ailleurs) ayant renoncé à la vie pour sauver des camarades ?

Bref, n'avais-je pas tort en liant cet acte à l'Evangile ?

En fait, non : comme j'ai pu le vérifier par la suite, le lieutenant-colonel Beltrame était un chrétien, catholique engagé... et il y a eu de l'Imitatio Christi dans son geste, en plus d'un professionalisme exemplaire.[3]

La "Nation reconnaissante" ne conservera que le souvenir de l'acte héroïque. Que Dieu lui accorde Mémoire éternelle ! Et à sa veuve qu'il offre consolation et réconfort.

 

Notes :

[1] Le Lieutenant-colonel Arnaud Beltrame, pour être précis.

[2] Evangile selon St Jean 15.13 et Epître aux Romains 5.7

[3] Je pense au fait d'avoir gardé son téléphone ouvert, de sorte que ses collègues à l'extérieur pouvaient entendre ce qui se passait à l'intérieur.

Publié dans Vie quotidienne

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