La licorne
Tout dernièrement, au hasard d'un réseau social des plus banals, je tombe sur cette image d'une joyeuse licorne bondissante, extraite d'un manuscrit copte sahidique du IXe siècle.
"Mais – me direz-vous avec la pertinence qui vous caractérise – qu'est-ce qu'une licorne fait donc dans un manuscrit chrétien ?"
Car enfin, la licorne est un animal mythologie, mythique, imaginaire même si les anciens, à la suite d'Aristote et de Strabon, ont réellement cru à son existence.
Certes, et alors ?
Je veux dire, est-ce là l'important ?
Car la licorne, comme nombre d'autres animaux réels ou fictifs, a servi à illustrer les caractéristiques du Christ.
Ainsi le Pélican qui était réputé – en cas de disette – nourrir ses petits avec sa propre chair fut-il le symbole du sacrifice du Christ.
Ainsi le Phénix – qui, croyait-on, renaissait de ses cendres – rappelait-il la résurrection du Sauveur.
Ainsi le Paon, dont la chair était réputée imputrescible, devint lui aussi un symbole du Christ qui ne subit pas la corruption.
Et je ne parle pas du Poisson, dont le nom même, en grec (ἰχθύς / ikhthús) évoque en acrostiche Jésus Christ, Fils de Dieu, Sauveur.
Alors, la Licorne ?
Selon le Physiologus, seule une jeune femme vierge pouvait la capturer. Il n'en a pas fallu plus pour y voir un symbole du Christ naissant d'une Vierge.
Mais les symboles, allégories et autres métaphores peuvent avoir de nombreuses application, et la licorne peut aussi nous être une exhortation : sa corne unique dressée vers le Ciel nous rappelle que tout en nous doit tendre vers le Christ... enfin, c'est ainsi qu'un ascète copte du VIe siècle le comprenait, et je ne saurais lui donner tort !